Antonio Cheramy dénonce ‘‘les manœuvres des forces réactionnaires visant à s’emparer du Conseil présidentiel pour éviter la reddition de comptes et la rupture”…

Antonio Cheramy ''Don Kato,'' dirigeant Matris Liberasyon, ancien senateur

PORT-AU-PRINCE, mercredi 1er mai 2024 – Dans une interview au Réseau Haïtien de l’Information (RHINEWS), l’ancien sénateur Antonio Cheramy, connu également sous le nom de Don Kato, a critiqué vertement le comportement de certains secteurs représentés au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) qui, a-t-il dit, voudraient s’accaparer de tous les pouvoirs au mépris des principes consensuels établis par l’accord du 11 avril dernier.

« En désignant un président pour le CPT et un premier ministre par acclamation, sans passer par un vote, pourtant prévu par l’accord dont ils sont signataires, ces secteurs en question, ont délibérément violé le document, commettant ainsi une violation flagrante de l’accord », a déclaré l’ancien parlementaire.

Selon lui, au-delà d’une violation de l’accord et du fragile consensus obtenu après des négociations intenses, ils veulent aussi l’implosion du CPT en isolant complètement les autres conseillers présidentiels sur la base d’un accord parallèle pour exercer le pouvoir dans leurs seuls intérêts et ceux du groupe qu’ils représentent.

Pire encore, a ajouté le leader du mouvement politique ‘‘ Matris Liberasyon’’, ces secteurs ont en fait opéré un coup d’Etat afin de maintenir le statu quo en empêchant la mise en œuvre de la feuille de route établie par l’accord du 3 avril 2024.

« Je n’ai rien de personnel contre les personnalités désignées, mais je suis opposé à la violation de l’accord et au non-respect du processus établi. Si dans le cadre d’une élection interne, quatre secteurs s’entendent pour exercer un contrôle absolu, comment demanderont-ils aux citoyens et aux partis politiques de faire confiance à ces individus dans le cadre d’élections nationales », s’interroge M. Cheramy.

Il a souligné l’importance d’un conseil qui émane de diverses couches de la société, affirmant que l’accord du 3 avril représente une initiative inclusive issue de la société civile, mais a déploré que ‘‘ceux qui sont inculpés par la justice haïtienne pour leur rôle présumé dans l’assassinat du président Jovenel Moïse, ceux qui ont dilapidé les fonds du programme PetroCaribe et qui refusent de rendre des comptes, veulent à tout prix le saboter.’’

Selon lui, l’accord établit une feuille de route qui, au-delà de s’attaquer aux crises conjoncturelles, vise aussi à refonder l’État pour une gestion inclusive et participative et à changer complètement de paradigme afin de faire face aux défis structurels. Cependant, nous constatons que les tenants du système actuel ont mobilisé et continuent de mobiliser toutes leurs énergies pour saper les efforts en cours.

Don Kato a également mis en avant le rôle crucial de la participation citoyenne dans la résolution des crises nationales, soulignant la nécessité pour tous les secteurs de la société de s’engager activement dans le processus. Il a également souligné l’importance de la responsabilité de l’État dans la gestion des ressources et dans la transparence des dépenses publiques.

En abordant la question de la refonte de l’État, Don Kato a appelé à une approche collaborative visant à identifier les acteurs clés et à les orienter vers la reconstruction et la gouvernance efficace de l’État.

Don Kato a souligné la nécessité d’une supervision stricte des fonds publics et a plaidé en faveur d’une reddition de comptes claire et transparente pour garantir l’utilisation appropriée des ressources de l’État.

Don Kato a exprimé son optimisme quant à l’avenir de Haïti, soulignant la nécessité d’une action collective et d’un engagement civique pour surmonter les obstacles et faire face aux défis. Reconnaissant les difficultés d’une cohabitation entre forces progressistes et réactionnaires, il a appelé les tenants du bloc majoritaire indissoluble à se ressaisir et à se conformer aux règles établies par l’accord du 11 avril 2024.

Don Kato a également exhorté Fanmi Lavalas et l’accord de Montana entre autres à résister pour éviter que les secteurs dits majoritaires ne fassent dérailler la transition en gestation.