PORT-AU-PRINCE, jeudi 17 octobre 2024-Le processus de transition politique en Haïti est dans une impasse, selon André Michel, porte-parole du Secteur Démocratique et Populaire (SDP) et signataire de l’accord du 21 décembre 2022, qui avait soutenu Ariel Henry jusqu’à sa récente chute. Michel appelle à une réévaluation urgente de la situation, pointant du doigt les divisions internes et les scandales qui sapent la crédibilité du Conseil Présidentiel de Transition (CPT).
Dans une déclaration, André Michel a affirmé : « La transition est dans l’impasse ! Le Conseil Présidentiel de Transition ne pourra pas retrouver sa crédibilité avec la présence des trois conseillers épinglés dans les conclusions du rapport de l’ULCC. Le scandale des 100 millions de gourdes de la BNC a déconstruit le CPT tant sur le plan moral que politique. Cette affaire risque de foirer l’ensemble du processus transitionnel. »
Le scandale auquel fait référence Michel concerne trois conseillers-présidents, dont les noms ont été cités dans un rapport de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC). Ces conseillers sont accusés d’implication dans une affaire de
100 millions de gourdes pour maintenir à son poste l’ex-président du conseil d administration de la Banque Nationale de Crédit (BNC).
Pour Michel, la solution à cette crise passe inévitablement par la mise à l’écart de ces conseillers incriminés : « La réussite de la transition passe inévitablement par la mise à l’écart des trois conseillers incriminés », a-t-il insisté. Le scandale financier a gravement affecté l’image du CPT, rendant la situation intenable à la fois sur le plan politique et moral.
En plus de ce scandale, le porte-parole du SDP souligne les divisions croissantes entre les différentes instances du pouvoir en Haïti. « Le spectacle des divisions au plus haut niveau de l’État, entre le CPT et la Primature, montre très clairement que celles et ceux qui gouvernent aujourd’hui le pays n’ont pas la moindre conscience des enjeux du moment », a déclaré Michel. Ces querelles internes viennent compliquer davantage un contexte politique déjà fragilisé par la crise économique et sécuritaire.
Le consensus de la Jamaïque, établi lors des négociations du 11 mars 2024, est, selon Michel, la seule voie pour redresser la situation. Il appelle à une concertation rapide entre les parties prenantes de cet accord et les autres secteurs de la vie nationale pour trouver une issue à cette impasse. « Les parties prenantes du consensus de la Jamaïque du 11 mars 2024, en concertation avec d’autres secteurs de la vie nationale, doivent rapidement se mettre au travail pour redresser la situation », a-t-il exhorté.
André Michel prévient également que malgré les difficultés actuelles, Haïti ne doit pas tomber dans les mains des extrêmes : « Malgré les nombreuses difficultés actuelles, notre pays ne doit pas tomber dans les mains des extrêmes ! » Enfin, il souligne la responsabilité que doit assumer l’accord du 21 décembre dans cette situation de crise, ajoutant que « l’accord du 21 décembre prendra toute sa part de responsabilité ! ».
Alors que les Haïtiens continuent de faire face à une situation économique exsangue, avec des gangs armés imposant leur loi dans plusieurs régions du pays et une crise institutionnelle croissante, la transition est aujourd’hui plus que jamais menacée. Les divisions internes et les scandales de corruption risquent de plonger le pays encore plus profondément dans l’instabilité. L’appel d’André Michel à une prise de décision courageuse et à une action concertée reflète l’urgence de la situation pour éviter que la transition ne soit définitivement compromise.