NAIROBI, mardi 3 octobre 2023– Amnesty International Kenya affirme prendre note de la décision du Conseil de sécurité des Nations Unies de déployer en Haïti une force de sécurité internationale dirigée par le Kenya avec une troupe de 1 000 agents.
Selon Amnesty Kenya, ‘‘la résolution comprend des paramètres clairs, obligatoires et exécutoires fondés sur les droits de l’homme pour la mission des Nations Unies.’’
Cependant, souligne l’organisation, « Il est essentiel que les États membres de l’ONU, les organisations de défense des droits de l’homme et les citoyens examinent minutieusement les implications humanitaires et des droits de l’homme de la mission avant son déploiement. »
Elle souligne qu’Haïti a une histoire profondément troublante d’abus et d’impunité associés aux interventions multinationales ou étrangères passées.
‘‘Ces interventions manquaient de mécanismes de responsabilisation en cas de recours excessif à la force et ont été témoins d’un large éventail d’abus, y compris l’exploitation sexuelle. Il est impératif de reconnaître que ces interventions ont eu lieu à l’ombre d’une épidémie de choléra déclenchée par le personnel de l’ONU’’, rappelle Amnesty International Kenya.
« Des paramètres clairs, obligatoires et applicables doivent détailler les mesures opérationnelles et de surveillance empêchant le recours illégal à la force, la négligence causant des dommages aux populations locales et d’autres abus avant le déploiement. Cela doit inclure des mesures robustes pour protéger les individus contre l’exploitation et les abus sexuels, en garantissant des recours accessibles et efficaces aux victimes. La mission doit adhérer aux politiques de diligence raisonnable des Nations Unies en matière de droits humains pour évaluer et traiter les impacts potentiels sur les droits humains », déclare Irungu Houghton, directeur exécutif d’Amnesty International Kenya dans un communiqué.
Au niveau national, poursuit-il, le déploiement de 1 000 policiers kenyans nécessite l’approbation expresse de l’Inspecteur général et un contrôle parlementaire en vertu de la Constitution du Kenya. Le Parlement est invité à déposer et à discuter dès maintenant de la proposition relative à cette mission étrangère qui implique des vies kenyanes, ajoute-t-il.
Amnesty International Kenya appelle également à des consultations significatives avec la société civile haïtienne et les médias avant le déploiement d’une aide à la stabilisation.
« Nous soulignons l’importance de soutenir les solutions menées par les Haïtiens pour une stabilité à long terme et de s’attaquer activement aux causes profondes de la violence dans le pays », declare Houghton.
‘‘Les droits de l’homme, la responsabilité, la sécurité et la dignité du peuple haïtien doivent rester au premier plan de cette mission de police’’, déclare le défenseur kenyan des droits humains.
La société haïtienne est divisée sur l’envoi de cette force multinationale en Haïti. Certains secteurs saluent la résolution du conseil de sécurité de l’ONU autorisant le déploiement d’une force multinationale dirigée par le Kenya en Haïti.
De nombreuses organisations de la société civile haïtienne s’opposent au déploiement en Haïti d’une force multinationale, optant de préférence pour une assistance technique, technologique, logistique et matérielle à la police nationale pour neutraliser les gangs armés.