PORT-AU-PRINCE, mercredi 19 mars 2025–La violence croissante à Port-au-Prince a forcé plus de 60 000 personnes à fuir leur domicile en un mois seulement, marquant un nouveau record dans la crise humanitaire qui frappe Haïti. Selon l’ONU, la situation atteint un seuil critique, alors que les gangs étendent leur contrôle et que la sécurité se détériore à un rythme alarmant.
Depuis des années, l’instabilité et les violences des groupes armés plongent la capitale et d’autres régions du pays dans un état d’urgence humanitaire. Mais ces derniers mois, les attaques se sont intensifiées, réduisant à néant les derniers quartiers jusque-là considérés comme relativement sûrs. Désormais, même ces zones sont assiégées, obligeant leurs habitants à fuir en masse pour tenter de se mettre à l’abri.
L’aéroport international Toussaint Louverture reste fermé, isolant davantage la population. Des quartiers entiers tels que Delmas, Carrefour-Feuilles, Martissant, Fort National, Pétion-Ville et Tabarre figurent parmi les plus touchés. Des milliers de résidents ont été contraints de tout abandonner pour chercher refuge dans des sites de déplacement temporaires, tandis que d’autres trouvent refuge chez des proches, dont les ressources sont déjà insuffisantes pour subvenir à leurs propres besoins.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’agence de l’ONU en charge des questions migratoires, la crise atteint un niveau inédit. « Nous n’avons jamais observé un tel nombre de personnes se déplacer en si peu de temps », explique Grégoire Goodstein, chef de mission de l’OIM en Haïti. « Les familles sont contraintes de fuir à plusieurs reprises, laissant tout derrière elles pour survivre. Nombre d’entre elles vivaient déjà dans des conditions extrêmement précaires après des déplacements précédents. »
Les chiffres sont accablants : plus d’un million de personnes sont désormais déplacées en Haïti, soit trois fois plus qu’il y a un an. Pourtant, malgré l’aggravation dramatique de la situation, la crise haïtienne peine à retenir l’attention de la communauté internationale. L’ONU souligne également le manque criant de financements pour répondre à l’urgence humanitaire.
Les agences d’aide préviennent que la situation est sur le point d’atteindre un seuil critique. « Les personnes qui fuient ont un besoin immédiat de protection, de nourriture, d’eau et d’abris », insiste M. Goodstein. « Chaque jour, la situation se détériore, et sans une augmentation rapide du soutien, nous risquons une catastrophe humanitaire encore plus grave. »
L’OIM, en collaboration avec d’autres organisations humanitaires, continue de fournir une assistance vitale aux personnes déplacées. Rien que le mois dernier, plus de 16 000 personnes ont bénéficié d’un accès à de l’eau potable et à un soutien en matière d’hygiène. Environ 3 700 personnes ont reçu des abris d’urgence, des kits d’hygiène, des soins médicaux et un accompagnement psychosocial. Cependant, les ressources disponibles sont déjà proches de l’épuisement face à l’augmentation constante du nombre de déplacés.
Au-delà de l’aide humanitaire immédiate, la question de la sécurité demeure une préoccupation majeure. Selon l’ONU, sans un soutien international renforcé, notamment pour la Police nationale haïtienne, il sera extrêmement difficile de rétablir l’ordre et de protéger les communautés les plus vulnérables.
L’OIM affirme son engagement à continuer d’aider les Haïtiens déplacés, en leur fournissant l’assistance nécessaire pour survivre et se reconstruire. Toutefois, sans une intervention urgente de la communauté internationale, la crise risque de s’aggraver encore davantage, plongeant Haïti dans une spirale de violence et de souffrances sans précédent.