PORT-AU-PRINCE, mercredi 4 décembre 2024– Pascal Raoul Pierre-Louis, ex-président du conseil d’administration de la banque nationale de crédit (BNC), accusé dans le cadre d’une affaire de corruption mettant en cause trois conseillers-présidents, a réagi à sa convocation devant la chambre d’instruction dirigée par le juge Benjamin Félismé. Par l’intermédiaire de son avocat, Me Sonet Saint-Louis, il a exprimé son respect pour l’institution judiciaire tout en demandant des aménagements tenant compte des circonstances exceptionnelles et de sa sécurité personnelle.
Le mandat de comparution émis le 3 décembre 2024 exigeait que M. Pierre-Louis se présente devant le juge le 6 décembre 2024. Dans une correspondance officielle, Me Saint-Louis a fait valoir que son client, actuellement hors du territoire national, ne pouvait répondre dans un délai aussi court en raison des difficultés liées à la situation sécuritaire en Haïti. Depuis le 11 novembre 2024, l’aéroport de Port-au-Prince est bloqué pour des raisons de sécurité, ce qui complique tout retour immédiat dans le pays, a expliqué l’avocat.
Craignant pour sa vie et celle de sa famille, Pascal Raoul Pierre-Louis, par la voix de son avocat, a proposé de réaliser l’audition via visioconférence. Cette demande vise à réduire la distance tout en évitant les risques d’attaques criminelles. Me Saint-Louis a souligné que cette solution permettrait de concilier les exigences de l’instruction judiciaire avec les préoccupations de sécurité de son client.
En outre, l’avocat a rappelé que la loi du 12 mars 2014 sur la corruption prévoit, dans son article 18, que les autorités publiques doivent garantir la sécurité physique des individus impliqués dans des procédures sensibles. « M. Pierre-Louis réitère son engagement à coopérer pleinement avec la justice de son pays, mais cette coopération doit se faire dans un cadre équitable et sécurisé », a déclaré Me Saint-Louis.
Me Saint-Louis a également plaidé pour que son client soit considéré non pas comme un inculpé, mais comme un lanceur d’alerte. Il a soutenu que Pascal Raoul Pierre-Louis avait fourni des informations essentielles sur les pratiques de corruption au sein du Conseil présidentiel de transition. En tant que dénonciateur, il devrait bénéficier d’une protection juridique renforcée, plutôt que d’être exposé à des persécutions, a-t-il ajouté.
Pour renforcer cette position, l’avocat a demandé la démission des trois conseillers présidentiels actuellement inculpés. Selon lui, leur maintien en poste crée une inégalité des armes dans la procédure, en contradiction avec le droit à un procès équitable. Le principe de l’égalité des armes, fondamental dans tout État de droit, exige que toutes les parties soient sur un pied d’égalité devant la justice, a déclaré Me Saint-Louis.
Dans sa lettre, Me Saint-Louis a conclu en exprimant la disponibilité de son client à collaborer avec la justice. Si la demande de visioconférence était rejetée, nous restons ouverts à convenir d’une nouvelle date pour la comparution, à condition que les garanties nécessaires soient mises en place, a-t-il affirmé.