Port-au-Prince, 18 janvier 2021- Abelson Gros-Nègre annonce officiellement sa démission comme porte-parole du syndicat de la police nationale d’Haïti (SPNH-17).
A en croire une lettre adressée à la coordination centrale du SPNH-17 par M. Gros-Nègre, sa décision de rendre le tablier serait une réaction au comportement des policiers qui, dit-il, exécutant un ordre illégal de leur supérieur hiérarchique, n’ont pas hésité à bombarder leurs frères d’arme de gaz lacrymogène pour disperser une marche pacifique de ces derniers.
Abelson Gros-Nègre est également frustré de la lâcheté dont certains policiers protestataires ont fait preuve lors de l’intervention des autres policiers pour réprimer une manifestation qui faisait l’écho des revendications de l’ensembles des policiers.
Dans sa lettre de démission, Abelson Gros-Nègre qui faisait partie de la 21e promotion de la PNH, explique avoir intégré la police en 2009, et a perdu son boulot pour s’être impliqué dans la lutte pour l’amélioration des conditions de travail des policiers, mais ceux-ci ne comprennent pas les sacrifices qu’il a consentis jusque-là.
‘’Si des policiers acceptent d’exécuter des ordres d’autorités inconscientes pour réprimer violemment une marche du SPNH-17, c’est qu’ils sont confortables et satisfaits de leurs conditions de travail et de vie. Par conséquent, soutient-il, ils n’ont pas besoin qu’on se batte pour un changement au niveau du fonctionnement de l’institution policière.’’
Il estime que ceux qui traitent ces policiers de ‘’laquais’’ ont raison, car ils font preuve qu’ils ne sont pas prêts à engager la bataille pour changer leurs conditions de vie.
‘’J’ai intégré cette bataille le 27 octobre 2019 avec respect et dignité, aujourd’hui 17 janvier 2021, je la laisse avec dignité et respect, pour mettre en pratique un conseil que ma mère m’avait donné, selon lequel je devais toujours me battre pour mon respect et ma dignité, écrit Abelson Gros-Nègre.’’
La police placée sous le commandement de Léon Charles, directeur a.i de la PNH, a réprimé sévèrement une marche pacifique de policiers syndiqués, à coup de gaz lacrymogène et à balles réelles.
Depuis l’arrivée de Léon Charles à la tête de l’institution policière, toutes les manifestations de rue sont réprimées systématiquement, en violation de la constitution qui garantit la liberté d’expression dans le pays.
La marche des policiers visait à exiger un ajustement de salaire de cinquante (50,000,00) mille gourdes, des frais mensuels de vingt-cinq (25,000,00) gourdes, de meilleures conditions de travail, la fin des persécutions contre des policiers syndiqués et la réintégration des policiers révoqués arbitrairement dont l’ancienne coordonnatrice du syndicat, Yanick Joseph et du porte-parole du SPNH-17, Abelsson Gros-Nègre.
Cette marche consistait également à protester contre l’insécurité généralisée dont sont victimes les citoyens ainsi que des policiers.