NEW YORK, lundi 14 avril 2025 (RHINEWS)– Deux siècles après que la France a imposé à Haïti une lourde indemnité en échange de la reconnaissance de son indépendance, les Nations Unies placent cette injustice historique au cœur de la quatrième session de l’Instance permanente pour les personnes d’ascendance africaine, ouverte ce lundi à New York.
Créé en 2021 par l’Assemblée générale, ce mécanisme consultatif du Conseil des droits de l’homme a pour mandat de promouvoir les droits des personnes d’ascendance africaine et de lutter contre les discriminations structurelles qui découlent de l’esclavage, du colonialisme, de l’apartheid et du racisme systémique. La session de cette année s’articule autour de quatre panels thématiques, couvrant la justice réparatrice, les droits des femmes afro-descendantes, le racisme institutionnel et les biais raciaux dans les technologies émergentes comme l’intelligence artificielle.
« Réengageons-nous à mettre fin au racisme, partout et sous toutes ses formes, afin de défendre la dignité et l’égalité de chaque être humain », a lancé le président de l’Assemblée générale, Philemon Yang, à l’ouverture des travaux.
Dans un message transmis par sa cheffe de cabinet, Courtenay Rattray, le Secrétaire général de l’ONU António Guterres a appelé à l’adoption de cadres de justice réparatrice fondés sur le droit international. « Ces injustices historiques continuent de compromettre le développement des nations africaines et d’entraver la pleine jouissance des droits humains des personnes d’ascendance africaine », a-t-il souligné.
La situation des femmes et des filles afro-descendantes a également été mise en lumière par Natalia Kanem, directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). « Les femmes et adolescentes d’ascendance africaine sont beaucoup plus exposées au risque de mortalité maternelle et de grossesse précoce », a-t-elle indiqué.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a pour sa part dénoncé les dangers des « biais algorithmiques » dans les systèmes d’intelligence artificielle, qui aggravent les inégalités raciales. Ce thème fera l’objet du quatrième panel prévu mercredi.
Jeudi, la session se clôturera par la commémoration du bicentenaire de la « dette d’indépendance » d’Haïti, imposée par la France en 1825. Premier État noir indépendant du monde, Haïti a été contraint de verser 150 millions de francs-or pour être reconnu par son ancien colon, une somme équivalente à des milliards d’euros aujourd’hui. Ce fardeau économique a lourdement contribué à la pauvreté structurelle et à l’instabilité du pays.
Cette commémoration vise à replacer Haïti au cœur de la réflexion globale sur les réparations coloniales, alors que s’achève la première décennie internationale des personnes d’ascendance africaine. Les Nations Unies entendent faire de ce bicentenaire un point de départ vers une deuxième décennie plus inclusive, tenant compte des revendications haïtiennes et caribéennes sur la justice historique et le développement équitable.