Port-au-Prince, dimanche 26 septembre 2021– A part le traitement jugé inhumain infligé aux réfugiés haïtiens par des gardes frontaliers à Del Rio, la plateforme haïtienne des organisations des droits humains (POHDH) se dit préoccupée par les conditions dans lesquelles les autorités américaines les ont déportées qui constituent une violation grave de droits humains, de lois et Conventions internationales sur la migration.
Selon cet organisme des droits humains, ‘‘le traitement infligé par les gardes frontaliers Etats-Uniens à nos compatriotes rappelle des moments douloureux de l’époque coloniale esclavagiste où les colons humiliaient les esclaves.’’
Dans un communiqué, la POHDH dit ‘‘condamner avec rigueur les exactions de l’administration américaine à l’encontre de nos compatriotes haïtiens expulsés illégalement et indignement dans la frontière de Texas.’’
‘‘L’Administration américaine doit garantir le droit à demander l’asile et tout demandeur d’asile a le droit de voir sa demande examinée avant d’être expulsée ou déportée, lit-on dans ce communiqué.
En guise de recommandation, la POHDH exige que l’administration américaine arrête les déportations massives et dénonce le laxisme de la diplomatie haïtienne dans ce dossier, qui constitue un choc pour la démocratie et le rapport d’amitié qui existerait entre les deux pays.
‘‘Cette tragédie dont sont victimes nos compatriotes au Texas, écrit la POHDH, est la conséquence directe de la gestion catastrophique du pays par des dirigeants corrompus imposés pour la plupart par des puissances étrangères depuis plus d’un siècle. Les immigrés haïtiens qui laissent le pays sont à la recherche d’une meilleure condition de vie parce qu’il n’y a aucune politique de développement social et économique pour la population,’’ souligne l’organisation.
La POHDH critique également la politique étrangère américaine en Haïti notamment son soutien à des régimes dictatoriaux corrompus et sanguinaires. Elle rappelle le gaspillage des fonds destinés à la reconstruction d’Haïti après le séisme du 12 janvier 2010, géré par la CIRH.
L’organisation rappelle entre autres que ‘‘l’intrusion des Etats Unis dans les élections présidentielles de 2011 et 2016 pour imposer à la tête de l’Etat Michel Martelly et l’inculpé Jovenel Moïse au détriment de la volonté populaire.’’
Pendant les dix dernières années, souligne la POHDH, ‘’le pays est enfoncé dans la misère, la criminalité et la corruption. Les 4.2 milliards du Fonds Petro Caribe, devant servir à améliorer les conditions de vie de la population, sont gaspillés et volés en toute impunité, arguant qu’il est venu le moment de rompre avec cette politique mafieuse, qui entrave l’avancée en matière des droits sociaux et économiques en Haïti.’’
Le camp des réfugiés de Del Rio a été vidé de ses occupants, mais les expulsions devraient se poursuivre a assuré vendredi le secrétaire à la sécurité intérieure des Etats-Unis, Alejandro Mayorkas, précisant également que certains d’entre eux pourront produire une demande d’asile alors.
Au moins 2000 réfugiés haitiens ont été expulsés en Haïti par les autorités américaines.