8 mars 2025 : 39 ans de luttes féministes en Haïti – De la chute des Duvalier aux crises actuelles, les organisations féministes fint le bilan de leur combat…

photo:Courtoisie ONU/ Femmes Haitiennes...

PORT-AU-PRINCE, samedi 8 mars 2025Selon un communiqué publié par plusieurs organisations féministes telles que la SOFA, Kay Fanm, Fanm Deside, Asosyasyon Fanm Solèy d’Ayiti, la Fondation TOYA et d’autres voix féministes, le mouvement féministe haïtien a su se réinventer depuis la chute de la dictature des Duvalier en 1986. À l’époque, la Marche historique des femmes du 3 avril symbolisait le renouveau d’une lutte longtemps marginalisée, alors même que le féminisme était souvent dépeint comme « un mouvement de femmes aigries détestant les hommes ».

« Aujourd’hui, les avancées en matière de droits des femmes, largement obtenues grâce à ces luttes, sont incontestables et doivent être considérées comme des droits humains fondamentaux » écrivent les organisations.

Le communiqué rappelle que « banaliser, minimiser, dépolitiser les luttes féministes procède d’une démarche de récupération » – une tendance qui s’est accentuée après le séisme de 2010, lorsque les autorités haïtiennes et la communauté internationale ont réduit le débat aux seules questions de violence de genre. Cette approche a, selon les organisations féministes, occulté des enjeux cruciaux tels que la participation politique et les intérêts stratégiques des femmes dans la société.

Les organisations soulignent que c 8 mars 2025 survient dans un contexte particulièrement difficile, marqué par une crise sociopolitique et sécuritaire extrême. Dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et en Artibonite, la population, contrainte de fuir face aux sanglantes tueries, voit ses droits fondamentaux – à la vie, à la santé, au logement, au travail – systématiquement bafoués. Les déplacements forcés affectent le travail des organisations de défense des droits des femmes et limitent les échanges essentiels entre leurs membres, en raison des agissements des gangs armés qui entravent la liberté de circulation.

Face à ces défis, les organisations féministes réaffirment leur engagement en déclarant haut et fort que « les droits des femmes sont des droits humains inaliénables ! ». Le 8 mars demeure ainsi l’occasion de rappeler que, malgré 39 ans de luttes historiques, la mobilisation doit se poursuivre pour défendre la dignité et l’égalité des femmes dans un pays où les crises sécuritaires et politiques compliquent l’accès aux droits essentiels.

Les organisations insistent sur le fait que, si le chemin parcouru est remarquable, la lutte pour une véritable égalité reste plus que jamais indispensable dans un contexte où les enjeux se cristallisent autour de questions de pouvoir, de sécurité et de reconnaissance des droits humains.