PORT-AU-PRINCE, jeudi 24 octobre 2024– « L’Organisation des Nations Unies célèbre aujourd’hui ses 79 ans d’existence », rappelle Bocchit Edmond, ancien ministre des Affaires étrangères d’Haïti. « Pour Haïti, membre fondateur de l’ONU, cette date est un rappel de l’urgence dans laquelle nous nous trouvons. Notre pays se situe à un carrefour dangereux, et il est impératif de restaurer la sécurité avant de pouvoir organiser des élections démocratiques, libres et transparentes dans un délai raisonnable. »
Créée en 1945 pour prévenir les conflits et promouvoir la paix, l’ONU est confrontée, selon Edmond, à une crise d’efficacité : « La guerre fait rage dans de nombreuses régions du monde, et les victimes sont innombrables. Le Conseil de sécurité, pourtant chargé de garantir la paix, est paralysé par des conflits géopolitiques. » Il insiste sur le fait que l’ONU, malgré le principe fondamental d’égalité de souveraineté entre les États membres, a perdu de son impact en raison de l’absence de réformes structurelles.
Pour Edmond, une refonte du Conseil de sécurité est nécessaire. « L’ONU de 1945 ne peut pas continuer de fonctionner de la même manière en 2024. Il est impératif de réimaginer stratégiquement la configuration actuelle du Conseil de sécurité, en passant de cinq membres permanents à sept, et de quinze à vingt membres, afin de mieux refléter les réalités contemporaines. » Cette réforme permettrait une représentation plus équitable des régions du monde, et une ONU plus adaptable aux défis actuels.
En ce qui concerne Haïti, Edmond est clair : « Un État fondateur de l’ONU, notre pays, disparaît lentement sous les yeux de la communauté internationale. L’ONU doit montrer une plus grande détermination dans la défense de la justice et des droits de l’homme, et cesser d’observer passivement les crises qui minent des pays comme le nôtre. »
L’ancien ministre appelle à un changement de paradigme : « Le monde a changé, et l’ONU doit changer avec lui. Dans 21 ans, le centenaire de l’ONU sera célébré. Travaillons dès maintenant pour que cette organisation devienne plus ouverte, plus équitable et plus utile à l’humanité. »
Pour Edmond, l’avenir du multilatéralisme dépend de cette réforme essentielle : « Il est temps que les grandes puissances mondiales, en particulier les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, prennent au sérieux la nécessité d’une réforme de l’ONU. » Son message est clair : « Une ONU plus proactive, plus déterminée et mieux représentée est la clé pour résoudre les défis structurels auxquels le monde, et particulièrement Haïti, sont confrontés. »