Une mission controversée au Kenya : 2,1 milliards KSh pour Haïti malgré les promesses initiales…

William Ruto, President du Kenya...

NAIROBI, mercredi 20 novembre 2024– Il a été révélé que le gouvernement kényan, par l’intermédiaire du Trésor national, a dépensé 2,1 milliards de shillings kényans (KSh) pour financer la mission de soutien à la sécurité multinationale en Haïti. Cette dépense soulève des questions, d’autant plus que les autorités avaient initialement assuré que l’envoi de 1 000 policiers kényans en Haïti ne serait pas financé par les contribuables locaux.

En juin et juillet de cette année, le Kenya a déployé 400 des 1 000 agents de police promis. Cette mobilisation s’inscrit dans le cadre d’une mission de maintien de la paix dirigée par les Nations unies, et le gouvernement avait affirmé que les coûts seraient couverts par des organismes internationaux.

En octobre 2023, l’actuel vice-président et ancien ministre de l’Intérieur, Kithure Kindiki, avait déclaré sans ambiguïté que la mission en Haïti serait entièrement financée par les Nations unies. « Parce que la mission en Haïti est une mission des Nations unies, les fonds nécessaires pour couvrir le déploiement des troupes viendront des États membres de l’ONU. Je le répète, le Kenya ne dépensera pas d’argent », avait-il affirmé.

Cependant, des documents obtenus par Citizen Digital révèlent une réalité différente. Une lettre du Trésor indique que 17,6 milliards KSh ont été dépensés sous l’article 223 de la Constitution, qui autorise l’utilisation de fonds publics sans approbation parlementaire dans des circonstances spécifiques. Parmi ces fonds, 2 milliards KSh ont été alloués à la mission de paix en Haïti.

Malgré ces dépenses, des rapports indiquent que les policiers kényans déployés en Haïti rencontrent des conditions de vie et de travail difficiles. Cette situation suscite des critiques quant à la gestion des fonds et à la planification de la mission.

Le secrétaire du Cabinet du Trésor, John Mbadi, a expliqué que l’argent dépensé serait remboursé par les Nations unies, affirmant que le Kenya agit comme un intermédiaire financier. « Ce sont nos agents, donc nous effectuons le paiement, puis l’ONU rembourse. Mais pour le moment, nous devons reconnaître cette dépense dans nos comptes, car elle n’était pas prévue dans le budget initial », a-t-il déclaré.

Mbadi a également souligné que, conformément à la loi, les dépenses imprévues doivent être régularisées dans un délai de deux mois et reflétées dans le budget supplémentaire comme revenus et dépenses.

Le président William Ruto a récemment discuté de la mission avec le président élu des États-Unis, Donald Trump, lors d’un entretien téléphonique. Il a souligné l’importance de la mission kényane pour la résolution du conflit en Haïti et a demandé un soutien financier accru de la communauté internationale.

En octobre, Ruto avait déjà lancé un appel urgent pour des ressources supplémentaires afin de maintenir le déploiement policier en Haïti, prolongé d’un an. « Nous demandons à la communauté internationale d’honorer ses engagements pour nous permettre d’achever notre mission. Lorsque les ressources seront disponibles, des progrès concrets seront visibles », avait-il déclaré.

Cette affaire met en lumière les tensions entre les promesses faites au public et la réalité budgétaire d’une mission internationale controversée, soulevant des interrogations sur la transparence et la gestion des ressources publiques.

Cet article de  Annah Nanjala Wekesa a été publié en anglais sur: https://thekenyatimes.com/latest-kenya-times-news/kenyas-haiti-mission-hit-with-mysterious-ksh2-1-billion-payment/