WASHINGTON, samedi 21 septembre 2024-Lors de son passage à l’émission “The Morning Joe” sur MSNBC, lè jeudi 19 septembre 2024, l’ancienne conseillère à la sécurité nationale et ambassadrice des États-Unis aux Nations Unies sous l’administration Obama, Susan Rice, a exprimé son inquiétude face aux projets de l’ex-président Donald Trump concernant la dénaturalisation massive et les expulsions de citoyens américains naturalisés. Ces déclarations surviennent alors que Trump continue de développer ses projets controversés de politiques d’immigration et de déportation en vue d’un possible retour à la Maison-Blanche.
Interrogée par les présentateurs Mika Brzezinski et Joe Scarborough, Rice a décrit les plans de Trump comme étant « terrifiants ». Elle a rappelé que, depuis plusieurs mois, Trump parle ouvertement de massives expulsions d’immigrés sans-papiers aux États-Unis, un projet qui selon elle serait « extrêmement violent et perturbant, séparant des familles et forçant des millions de personnes à quitter le pays sous la menace de la force ». Toutefois, Rice souligne que Trump propose désormais des actions encore plus alarmantes : l’expulsion de personnes se trouvant légalement sur le territoire américain, en particulier des Haïtiens qu’il souhaite renvoyer « au Venezuela, de tous les endroits possibles », même si ces personnes sont en situation régulière avec des permis de travail en règle.
Le danger, selon Rice, va au-delà de la simple déportation d’immigrants en situation régulière. Elle a évoqué la menace grandissante de dénaturalisation de citoyens américains qui ont obtenu leur citoyenneté de manière légale. « Ce qui est encore plus scandaleux », a-t-elle déclaré, « c’est que Trump prévoit de cibler les citoyens américains qui ne sont pas nés ici. Ils sont plus de 25 millions aux États-Unis, respectueux de la loi, payant leurs impôts, contribuant à la société. Ce sont des parents, des voisins, des membres à part entière de nos communautés ».
Rice a également rappelé que sous la précédente administration Trump, un bureau avait été créé au sein du Département de la Justice spécifiquement pour examiner la dénaturalisation de citoyens américains, et pas uniquement de ceux ayant commis des crimes graves. Elle a mis en garde contre une « augmentation massive » de ces procédures dans un contexte où « peut-être qu’on n’aime pas les pays d’origine » de ces citoyens. Selon elle, cela aurait des conséquences dévastatrices sur le tissu social du pays. « Imaginez ce que cela signifie pour les citoyens américains vivant ici en toute légalité, se réveillant un jour pour découvrir qu’ils sont déchus de leur citoyenneté et expulsés. »
L’un des points les plus préoccupants évoqués par Rice est la récente décision de la Cour suprême des États-Unis, qui, selon elle, « permettrait à un président, en l’occurrence Donald Trump s’il revenait au pouvoir, d’agir en toute impunité ». Elle a décrit cette situation comme un « scénario pour des expulsions massives de citoyens américains ».
La discussion s’est ensuite tournée vers le rôle du sénateur JD Vance, candidat à la vice-présidence aux côtés de Trump, représentant l’Ohio. Willie Geist, un autre présentateur de l’émission, a pointé l’hypocrisie de Vance, accusant ce dernier de « mettre en danger ses propres concitoyens », alors que Trump s’attaque spécifiquement à des groupes d’immigrants légaux, y compris dans les communautés qu’il représente. « Comment un sénateur peut-il se tenir aux côtés de Trump, tout en permettant à des politiques violentes de s’abattre sur ses électeurs, provoquant la fermeture d’écoles, d’universités et d’hôpitaux à cause de menaces de bombes et d’évacuations ? »
Rice a répondu en affirmant que ces actions et paroles répétées de Trump et Vance montrent qu’ils « n’ont aucune intention de servir le peuple américain dans son ensemble ». Elle a accusé ces responsables de « diviser la nation, en utilisant la peur et la violence contre des populations qu’ils ne respectent pas ».
La journaliste Simone Sanders Townsend est revenue sur les implications légales des projets de dénaturalisation de l’administration Trump. Elle a souligné que bien que la dénaturalisation soit une pratique rare dans l’histoire des États-Unis, elle pourrait devenir un outil central sous une nouvelle administration Trump, renforcée par le pouvoir que la Cour suprême semble conférer à la présidence. « Le ministère de la Justice pourrait littéralement contester la citoyenneté de n’importe qui, sans contrepoids juridique clair », a-t-elle déclaré.
Rice a confirmé que la dénaturalisation avait historiquement été réservée à des cas très rares et extrêmes, où des crimes graves avaient été commis, mais sous Trump, « le processus s’est accéléré de manière significative ». Elle a averti que, si Trump et ses alliés comme Stephen Miller mettent leurs projets à exécution, des citoyens américains respectueux des lois pourraient être déchus de leur citoyenneté et expulsés « sans aucun processus judiciaire légitime », simplement parce que les autorités « n’aiment pas la couleur de leur peau ou leur pays d’origine ».
L’interview s’est conclue sur un avertissement sérieux de l’ambassadrice Rice, exhortant les Américains à prendre ces menaces au sérieux. « Ils l’ont déjà fait auparavant, et ils le feront encore si on leur en donne l’opportunité », a-t-elle déclaré.