Photo: Banderolle du Collectif “Nou Pap Domi”, lors d’un sit-in
Par Jacques Kolo,
Port-au-Prince, 9 juillet 2020 (RHInews)- Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) confirme que les deux sit-in organisés les 29 juin et 6 juillet 2020 devant les locaux du Ministère de la justice par le Collectif “Nou Pap Domi” avaient un caractère pacifique avec pour seule arme des pancartes exigeant le respect des droits et libertés de la population.
Contrairement aux déclarations faites ce jeudi 9 juillet par le Ministre de la justice Lucmane Dellile qui évoque sulfureusement une infiltration probable et un caractère apparemment peu pacifiques de ces activités.
Au vu et au su de tout le monde, quatre unités spécialisées de la police nationale clairement identifées (BOID,CIMO,UDMO, DCPJ) ont pris en chasse des participants à ces rassemblements avant de les disperser violemment à coup de bonbonnes lacrymogènes et de tirs d’armes automatiques, constatait RHInews.
Dans une lettre ouverte le 8 juillet au Premier ministre Jouthe Joseph faisant également office de chef du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), le RNDDH rappelle qu’ il s’agissait d’un ordre formel du directeur par intérim de la police nationale, Normil Rameau sur instigation du CSPN, faisant référence aux deux sit-in de “Nou Pap Domi” reprimés dans l’oeuf par la police.
“Le RNDDH vous rappelle que la situation chaotique dans laquelle vit le peuple haïtien témoigne de l’échec du président Jovenel Moïse et de tous les chefs de gouvernement qui vous ont précédé”, déclare Pierre Espérance, ajoutant que les droits à la vie, à la santé, au travail, à l’éducation, à l’identité, à l’alimentation et à la sécurité physique sont constamment violés, sinon ignorés.
Dressant un tableau sombre du climat sécuritaire caractérisé par des assassinats spectaculaires à répétition notamment dans les quartiers populaires, le RNDDH souligne que pour les mois mai et juin de cette année, au moins cinquante-quatre (54) personnes sont assassinées par balles ou à l’arme blanche, prouvant ainsi la faillite de l’institution policière à garantir la sécurité.
“Et la gangtérisation du pays avec la fédération des gangs armés jouissant de la bénédiction des autorités du pouvoir à la barbe du CSPN ont certainement aggravé la situation”, explique l’organisme de défense des droits humains.
Plus loin, le RNDDH décrit la situation de misère dans laquelle patauge Haïti. Elle est caractérisée par “une hausse des prix des produits de première nécessité et la faim”. “L’Administration publique fait face à une corruption endémique avec une opacité dans les dépenses publiques et une surfacturation, en plus des fonds détournés et dilapidés”.