Par Jacques Kolo,
Port-au-Prince, 29 juin 2020 -(RHInews)– Le président Jovenel Moïse ne pourra pas organiser, seul et par décret, des élections transparentes et crédibles. Aucune révision constitutionnelle ne peut se concevoir en dehors d’un consensus national. C’est en ces termes que dix (10) partis et organisations politiques du pays se sont adressé au Secrétaire général des Nations-Unies Antonio Guterres pour faire part de leurs préoccupations après la présentation du dernier rapport du BINUH en Haïti au Conseil de sécurité, le 19 juin 2020.
Les signataires de la lettre datée du 28 juin 2020 soulignent clairement les failles contenues dans ce rapport en ce qui a trait à l’implication de l’Exécutif dans le soutien à certains gangs armés pour le contrôle de zones à fort potentiel électoral. Cet aspect, selon eux, n’est pas non plus suffisamment signalé. Ce qui met en cause l’un des objectifs majeurs de la Mission en Haïti qui est le rétablissement et le maintien de la sécurité.
Concernant l’échec des négociations sous l’égide du BINUH en collaboration avec la Nonciature Apostolique, Il n’a été mentionné dans le rapport, à aucun moment, de la mauvaise foi de la Présidence qui s’était toujours refusée à mettre sur la table des négociations le mandat présidentiel de Jovenel Moïse.
L’autre facteur qui n’est pris en compte est l’organisation d’élections à partir des démarches connexes sur la livraison de cartes électorales ou sur la réforme constitutionnelle. Sur ce point précis, argumentent les rédacteurs de la correspondance,” il est évident que l’Exécutif haïtien n’a ni les moyens, ni la crédibilité pour avancer dans ces domaines qui permettraient d’assurer la transparence et l’honnêteté des joutes électorales à venir”.
Fort de ces considérations, ces partis et organisations politiques estiment que, “il est désormais inévitable de préparer, en toute raison, une transition pacifique à travers un réel dialogue inclusif et un plan de sauvetage national”, rappelant que les Nations-Unies maintiennent une présence constante en Haïti depuis 1990.
“En ignorant les dispositions constitutionnelles et du cadre réglementaire de fonctionnement des institutions de l’Etat, en s’écartant délibérement des principes de la charte des Nations-Unies, en ayant une conception étroite et partiale de la démocratie, l’Exécutif marche vers une précipitation qui risque de tout chambouler”, préviennent les signataires de la correspondance dont l’OPL, la FUSION, le Secteur Démocratique et Populaire, l’Initiative Patriote Marien.
“Les Nations-Unies, le Conseil de Sécurité, sont t-ils préoccupés de ce qui se passe dans le pays concernant l’occupation du territoire par les gangs armés et la terreur qu’ils répandent au su et au vu du gouvernement”, se questionnent les expéditeurs de ce document au nombre desquels figurent également INITE, AAA, INIFOS, MOCHRENA, VEYE YO et VERITE.
Les signataires estiment également indispensable que les Nations-Unies oeuvrent réellement dans l’intérêt collectif du peuple haïtien en contribuant au rétablissement et au maintien de la sécurité.
Une copie de la correspondance est adressée au Conseil Permanent de l’OEA, au Conseil de l’Union Européenne et au Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme.
BINUH: Bureau Intégré des Nations-Unies