11 septembre : une date maudite dans l’histoire du Chili, d’Haïti et des États-Unis…

Palais de la Moneda du Chili a l'epoque du coup d'Etat d'Augusto Pinochet Contre le president Salvador Allende, 11 septembre 1973,,,

PORT-AU-PRINCE, mercredi 11 septembre 2024– Le 11 septembre est une date particulièrement marquée par des événements tragiques dans l’histoire contemporaine de plusieurs nations. Cette date symbolise, pour le Chili, Haïti, et les États-Unis, des drames historiques aux conséquences profondes. Chacune de ces tragédies, bien que distincte par son contexte et ses causes, a laissé des cicatrices indélébiles sur les peuples et les sociétés concernées. Les événements du 11 septembre au Chili en 1973, à Haïti en 1988 et aux États-Unis en 2001 témoignent de l’impact destructeur de la violence politique et du terrorisme sur l’histoire.

Le 11 septembre 1973 au Chili : le coup d’État de Pinochet contre Salvador Allende

Le 11 septembre 1973, un coup d’État militaire renversa le président chilien Salvador Allende, démocratiquement élu, et marqua le début de la dictature de l’un des régimes les plus brutaux d’Amérique latine, celui d’Augusto Pinochet. Ce coup d’État fut soutenu par les États-Unis dans le cadre de la lutte contre l’influence du communisme en Amérique latine, en pleine guerre froide. Le président Allende, fervent défenseur d’une voie socialiste démocratique, perdit la vie ce jour-là dans le palais de La Moneda, pris d’assaut par les forces militaires commandées par Pinochet.

Le Chili entra alors dans une période de répression massive. Pendant les 17 années de dictature qui suivirent, des milliers de Chiliens furent emprisonnés, torturés ou assassinés par la junte militaire. Les opposants politiques furent pourchassés, et des centaines de personnes disparurent sans laisser de traces. Ce coup d’État dévastateur a bouleversé l’ordre politique et social chilien, provoquant la fuite de nombreux intellectuels, artistes, et militants vers l’exil, et laissant des séquelles profondes dans la mémoire nationale. Les réformes économiques néolibérales imposées par Pinochet ont également redéfini les structures économiques du pays, avec des impacts sur les inégalités sociales qui se ressentent encore aujourd’hui.

La transition vers la démocratie, amorcée dans les années 1990, n’a pas effacé les souvenirs douloureux de la dictature. Des procès et des enquêtes ont été menés pour poursuivre les responsables des crimes commis sous Pinochet, mais beaucoup de Chiliens estiment que la justice n’a pas été entièrement rendue.

Le massacre de Saint-Jean Bosco en Haïti : une tragédie sous la violence politique

Église Saint-Jean Bosco de La Saline à Port-au-Prince…

Le 11 septembre 1988, quinze ans après le coup d’État chilien, Haïti fut à son tour témoin d’un massacre brutal. Ce jour-là, lors d’une messe dominicale célébrée à l’église Saint-Jean Bosco à Port-au-Prince, des hommes armés, principalement des anciens tontons macoutes et des “brassards rouges” sous les ordres de Franck Romain, alors maire de la ville et ancien colonel des Forces Armées d’Haïti (FAd’H), attaquèrent la congrégation. Ces miliciens avaient planifié cette attaque pour cibler Jean-Bertrand Aristide, prêtre charismatique et défenseur de la théologie de la libération, qui critiquait ouvertement le régime et plaidait pour la justice sociale en Haïti.

Les assaillants ont d’abord tiré sur l’église, provoquant une panique générale. Les fidèles, tentant de fuir ou de se protéger, se heurtèrent à une violence encore plus grande. Les criminels ont escaladé les murs du temple, tiré à bout portant sur la foule, poignardé plusieurs personnes, et mis le feu à l’église. Parmi les victimes, une femme enceinte fut poignardée, et le bébé dans son ventre n’y survécut pas non plus. Le bilan officiel a fait état de treize morts et quatre-vingt blessés, mais Aristide a affirmé que des dizaines de cadavres avaient été jetés dans des camions pour être évacués, dissimulant ainsi l’ampleur de la tragédie.

Ce massacre, perpétré sous le règne du Conseil National de Gouvernement (CNG) dirigé par le général Henry Namphy, illustrait l’instabilité politique en Haïti à la fin des années 1980. La violence systémique, héritée des régimes dictatoriaux, n’avait pas disparu avec le départ des Duvalier. En 1991, après son élection à la présidence, Jean-Bertrand Aristide tenta de faire extrader Franck Romain de la République dominicaine, où il s’était réfugié, afin qu’il réponde de ses actes devant la justice. Cette demande d’extradition n’aboutit jamais, et Romain mourut en 2017 sans avoir été jugé pour ses crimes.

Ce massacre a laissé une empreinte durable sur Haïti, symbole de l’impunité dont jouissent les auteurs de violences politiques. Fanmi Lavalas, le parti fondé par Aristide, continue de dénoncer le manque de justice pour les victimes de ce massacre et rappelle que la population haïtienne souffre toujours des mêmes maux : pauvreté, insécurité, et répression.

Le 11 septembre 2001 aux États-Unis : l’attaque contre le World Trade Centeri

Les tours jumelles du World Trade Center en flamme…

 

Le 11 septembre 2001, une attaque terroriste sans précédent frappa les États-Unis, marquant l’histoire mondiale. Ce matin-là, des terroristes d’Al-Qaïda détournèrent quatre avions commerciaux. Deux d’entre eux percutèrent les tours jumelles du World Trade Center à New York, entraînant leur effondrement en quelques heures. Un troisième avion s’écrasa sur le Pentagone à Washington, et un quatrième s’écrasa dans un champ en Pennsylvanie, après que les passagers eurent tenté de reprendre le contrôle de l’appareil.

Ces attaques tuèrent près de 3 000 personnes et choquèrent le monde entier. Les images des tours en flammes, suivies de leur effondrement, ont symbolisé la vulnérabilité des États-Unis face au terrorisme international. Cet événement bouleversa la politique étrangère américaine et déclencha une série de guerres, notamment en Afghanistan et en Irak, sous la bannière de la “guerre contre le terrorisme”.

Les conséquences de ces attaques se sont fait sentir bien au-delà des États-Unis. Elles ont modifié les politiques de sécurité intérieure dans de nombreux pays, intensifié la surveillance et déclenché des débats sur les libertés civiles face aux menaces terroristes. L’empreinte des événements du 11 septembre 2001 est encore présente dans la politique mondiale, et les cicatrices laissées par cette tragédie continuent de façonner la mémoire collective des Américains et des peuples du monde entier.

Une date, des tragédies partagées

Le 11 septembre, bien qu’il concerne des contextes et des causes différentes pour le Chili, Haïti, et les États-Unis, demeure une date chargée de tragédies humaines et politiques. Ces événements rappellent la fragilité des sociétés face aux excès de violence, qu’elle soit politique ou terroriste, et soulignent l’importance des luttes pour la justice et la vérité dans le monde. Que ce soit à travers la dictature, la répression militaire, ou le terrorisme, ces drames ont bouleversé l’histoire de chaque pays, laissant des blessures encore ouvertes dans les mémoires nationales.